Lorsque l’aphasie est sévère, elle handicape profondément la personne aphasique pour s’exprimer et pour comprendre. La communication est empêchée.
Mais en face d’une personne aphasique, son interlocuteur se trouve handicapé, lui aussi, dans sa communication. Il est en grande difficulté pour comprendre et être compris.
S’aider par des images permet la plupart du temps de contourner le problème. Pointer une image permet à l’interlocuteur de déduire ce que la personne aphasique veut lui dire
Et le pointage lui permet aussi de se faire comprendre.
Parfois, la personne aphasique peut avoir l’idée de prendre son recueil d’images, son carnet de communication, et de pointer elle-même.
Mais le plus souvent elle ne le fera pas.
Très souvent, la personne qui souffre d’une aphasie sévère ne pourra pas réparer sa communication par elle-même et elle ne pourra pas trouver toute seule les moyens d’aider à la comprendre. L’aphasie la gêne pour aider son interlocuteur.
Son interlocuteur n’est pas aphasique. Si la personne aphasique ne peut pas trouver comment aider son interlocuteur, le rôle de son interlocuteur est de l’aider à se faire comprendre.
Une personne hémiplégique paralysée a une orthèse pour se déplacer. C’est une canne qui va l’aider à marcher. Elle s’en sert toute seule.
Pour une personne aphasique c’est autre chose.
Dans le cadre de l’aphasie, il va falloir faire tout le contraire.
Le carnet de d’images est son orthèse de communication. Elle va leur servir à tous les deux. Mais ici, il faut que l’interlocuteur le prenne, l’ouvre, pointe en faisant des suppositions. La personne aphasique pourra le guider par un « oui » ou un « non ». Ça signifie construire du sens ensemble.
L’interlocuteur n’est pas aphasique et pourtant il faut qu’il prenne le carnet pour aider la personne aphasique à communiquer ? Voilà le mode d’emploi pour réparer la communication avec un carnet de communication !
Le carnet de communication « Dialogo » a été construit pour réparer la communication de cette manière.
Un groupe de travail a été formé avec Céline CASSON, étudiante en orthophonie, Jean Dominique Journet, Sophie DALLE NAZEBI et Isabelle GONZALEZ.
Le carnet est de petite taille, il est facile à transporter.
« Dialogo » est facile à manipuler.
Les images sont en couleur. Elles sont faciles à comprendre.
Les images sont regroupées par thèmes.
Il n’est pas possible de construire un carnet personnalisable aux besoins de chacun. Donc, les images ont été étudiées pour illustrer le plus de situations de communication possibles dans le quotidien d’une personne aphasique et de son interlocuteur. La personne aphasique peut utiliser « Dialogo » en famille mais aussi l’emporter à l’extérieur pour aller communiquer dans les commerces, banques, administrations, services.
En 2017-2018 Céline CASSON, étudiante en orthophonie, a étudié « Dialogo » dans le cadre de son mémoire de recherche en orthophonie. Elle a été encadrée par Isabelle GONZALEZ, Orthophoniste.
L’interlocuteur n’était pas formé et elle a constaté que « Dialogo » n’était pas utilisé.
Elle nous a donc permis de prouver que l’interlocuteur était un acteur indispensable dans l’utilisation du Carnet pour réparer la communication. « Dialogo » ne marche pas si l’interlocuteur ne s’en sert pas.
Son rôle est essentiel. Pour qu’il ouvre « Dialogo » et qu’il l’utilise, il faut qu’il soit informé sur l’aphasie, et qu’il connaisse le mode d’emploi du carnet. Il faut le former.
Pour apporter la preuve de son rôle, une autre étudiante, Vanessa CLAQUIN, étudiante en orthophonie, va étudier les conditions idéales d’installation et d’utilisation de « Dialogo » dans le cadre de son mémoire de recherche en 2019-2020 avec Isabelle GONZALEZ. L’aidant sera formé, et il ira informer les interlocuteurs habituels de la personne aphasique du mode d’emploi de « Dialogo ».