Voici Pierre,
il est aphasique depuis qu’il a été victime d’un AVC.
N’ayant pas de séquelles sur le plan moteur, il est rentré chez lui après quelques mois à l’hôpital puis dans un centre de rééducation fonctionnelle.
Il vit seul depuis le décès de son épouse. Pierre se débrouille pour sa toilette, il fait sa cuisine, son ménage et même son repassage. Mais il ne peut pas expliquer à son médecin comment il se sent, il ne dit rien à sa fille qui lui téléphone tous les jours.
Il regarde le journal mais il ne le lit pas. Il ne suit pas très bien les événements qui se succèdent dans un film ou une émission à la télé. Il est incapable de faire ses comptes et de donner l’appoint au supermarché…
Pourtant, si vous croisez Pierre vous ne verrez rien ni de son handicap ni de sa détresse.
Quelques aphasiques qui ont retrouvé l’usage du langage, gardent une parole perturbée ; ils essuient les moqueries de ceux qui les croient alcooliques… malheureusement leur démarche incertaine et chancelante renforce ce jugement.
En début de 1997,
j’étais très fatigué et mi février, à 2 heures du matin, ma femme m’a réveillé pour me dire que je ronflais très fort.
Je me suis assis et je lui ai dit : « Je rêve ». Quelques minutes après, je me suis affalé sur le lit. Au bout de 20 minutes, les pompiers sont arrivés. J’ai été transporté d’urgence dans un Hôpital à Paris.
« Accident Vasculaire Cérébral »
Les chirurgiens m’ont opéré et ils ont extrait de mon cerveau un hématome gros comme un œuf. J’y suis resté 3 semaines en service de réanimation, puis, une semaine en service médical.
Lorsque je me suis réveillé, j’ai vu ma fille qui m’a dit : »Bonjour papa, alors peux-tu me parler ? ». J’ai essayé de lui dire »Bien sûr, je peux parler …. et bien non !!! »
Le seul mot que j’ai prononcé « MERDE »
Je ne peux plus parler, et oui, mon cerveau a été complètement « mouliné ».
Je suis parti un mois dans un Centre de rééducation fonctionnelle. Ensuite, quand je suis revenu définitivement à la maison j’ai pleuré.
J’ai été rétabli au bout de 2 mois en ayant retrouvé toutes mes capacités motrices, mais j’étais incapable de m’exprimer.
Je suis A P H A S I Q U E
Il est sûr que je suis handicapé, je ne parle plus aussi vite qu’avant, je ne peux plus écrire un texte aisément et lorsque quelqu’un me demande de faire 3 ou 4 choses à la fois, et bien je m’y perds, en fait tout mon cerveau est ralenti.
François Loquié